Ff Shane Mitchie

- Et dire que je rate ça, bouda-t-elle en claquant des doigts avant de rire. J’ai trop de bol !

Il allait répondre lorsque la porte de la chambre s’ouvrit à la volée.

Declan regarda son fils. Il était à califourchon sur son lit, le regard pétillant et les joues rouges, alors qu’une jeune femme était sous lui, dans le même état. Il nota qu’elle était dans les vêtements de son fils et s’énerva.

- Shane je t’ai pourtant de ne plus amener de fille dans cette maison, tant qu’avec ta mère, on n’est pas là !

- Relax, ce n’est que Mitchie.

- Mitchie, répéta-t-il abasourdi. Et que fais -elle dans tes affaires ? Elle s’essaie à un nouveau style, ajouta-t-il sarcastique.

- Je… Non !

- C’est de ma faute monsieur. Je m’ennuyais chez moi et je suis venue voir Shane comme je sais qu’il est privé de sortie. La pluie m’a surprise et je suis arrivée ici trempée jusqu’aux os. Shane m’a… Simplement prêté des vêtements le temps que les miens sèchent.

Sur cette explication, le père de famille fit signe à son fils de le suivre et il soupira. Le jeune homme s’éloigna de son amie, à contrecœur et sortit de sa chambre. Ils descendirent jusqu’au salon sans savoir que la brunette, trop curieuse les suivi peu après.

- Shane les règles de cette maison n’ont pas changé, commença son père énervé. Aucune fille sous ce toit, si on n’est pas là. Ce qui inclut ta meilleure amie. Aussi bien élevée soit-elle !

- Surtout que ses parents sont excessivement gentils avec nous, ajouta sa mère. Sans eux, notre restaurant aurait mis la clé sous la porte depuis longtemps. Alors…

- C’est bon, pas la peine de vous déclencher une crise cardiaque précoce, les coupa-t-il énervé. Mitchie, c’est… C’est juste une fille ok ? En aucun cas, elle ne m’intéresse. Je l’aime bien, elle est gentille mais vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, je ne toucherais au petit ange de la famille Torrès !

Les deux adultes soufflèrent de soulagement, alors que le cœur de la jeune femme se brisait. Sans un bruit, elle remonta jusqu’à la salle de bain et remit, en grimaçant ses vêtements humides. Seulement sa bonne éducation lui imposa de signaler son départ et elle toqua doucement à la porte du salon.

- Oui Mitchie, demanda Elizabeth d’une voix douce.

- Excusez-moi de vous déranger, mais je voulais vous prévenir que je rentre chez moi. Je m’excuse d’être venue sans prévenir, et la prochaine fois, je téléphonerais à l’avance afin de m’assurer de votre présence. Bonne fin de journée.

Sur ces mots, elle leur sourit doucement, alors qu’elle avait envie de pleurer, puis commença à partir quand Shane la rejoignit dans l’entrée.

- Attends, j’ai raté un truc là ! Qu’est-ce qu’il se passe ? J’ai fait quelque chose de mal, s’inquiéta-t-il en voyant son regard triste.

- Non, c’est moi. Ne m’en veux pas d’accord, mais je rentre chez moi. J’ai mis les vêtements que je t’ai empruntés sur votre machine à laver. Bonne soirée.

- Attends Mitchie, il pleut averse.

- Ce n’est pas grave, soupira-t-elle. J’ai besoin de marcher.

Sur ces mots, elle sortit de la maison, le nez baissé et quitta l’allée sans se retourner, alors qu’à l’intérieur, les deux adultes demandaient à leur fils ce qu’il avait encore fait comme bêtise.

- Mais rien, cria-t-il excédé. Avant que papa débarque dans la chambre comme s’il avait le feu aux fesses, tout allait très bien !

De son côté, la brunette rejoignit l’arrêt de bus le visage ravagés par les larmes qu’elle n’arrivait à stopper. « Comme j’ai pu penser, une seule seconde pour je pourrais l’intéresser, songea-t-elle le cœur brisé. Je ne suis que la fille de ceux qui ont aidé ses parents avec leur restau. C’est tout. Ou juste celle avec qui traîner quand son ego de petit prince de la drague est égratigné par le refus d’une nana. Je ne serais jamais rien d’autre pour lui. Et lui ne restera rien d’autre qu’une blessure. » Malgré elle, elle repensa à ce qu’elle avait entendu. Mitchie c’est juste une fille. Je ne toucherais pas au petit ange de la famille Torrès. Elle ne m’intéresse pas… Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas la voiture rouge la doubler avant de freiner doucement.

- Hey My’, je te dépose ?

- Nate, demanda-t-elle en relevant le nez.

- Aux dernières nouvelles, c’est mon surnom, rit-il. Allez monte, t’es trempée, je te ramène chez toi.

Hochant la tête, elle obéit lorsqu’il lui ouvrit la porte et s’attacha alors qu’il démarrait. Notant qu’elle semblait avoir froid, il mit le chauffage dans l’habitacle et elle le remercia d’un pauvre sourire.

- Hey, ça va My’ ? T’as l’air d’avoir le moral dans le même état que Dame Nature.

- Ouais, je viens d’apprendre une mauvaise nouvelle, ce n’est rien. Ça va passer, assura-t-elle.

Hochant la tête, il lui proposa de passer quand elle voulait, si elle avait envie d’en parler puis le silence se fit dans la voiture. Pour autant, aucun d’eux ne songea à le briser. Quand il arriva devant la maison bleue, il se gara doucement et se tourna vers sa passagère.

- Tu viens demain au Conservatoire ? Avec Jay, on a écrit un truc et on aimerait ton avis.

- Ouais. Je passerais après les cours. Comme chaque fois, sourit-elle. Bonne soirée et merci pour la balade.

- Pas de problème Signora.

Elle sourit doucement puis rentra d’un pas rapide. A présent, elle avait l’impression que ses vêtements étaient glacés. Prenant des rechanges, elle alla prendre une douche chaude, pour se réchauffer puis laissa ses larmes couler sur ses joues. Elle n’avait aucune envie de garder ce chagrin pour elle, elle ne voulait pas devenir de pierre, à force de tout refouler au fond de son cœur. Aussi, elle resta une grosse demi-heure ainsi puis sortit. Les yeux rouges et gonflés, elle enfila son jogging blanc avec le débardeur violet que lui avait offert Shane. Au niveau de la poitrine était dessiné des gestes qu’elle n’avait jamais compris. Elle savait que c’était écrit dans le langage des signes, mais elle n’avait jamais cherché à en comprendre la signification. De plus elle connaissait le goût du jeune homme pour les phrases crus et les déclarations chocs. Ajoutant son gilet, elle descendit dans le salon et mit un dvd qu’elle ne regarda pas. Elle repensait à son après-midi. Tout avait bien commencé, malgré le flirt dans lequel, ils s’étaient lancés, jusqu’à ce que ses parents reviennent et que Declan les dérange. Sur le moment, elle avait maudit l’homme d’être entré. Elle aurait voulu savoir ce qu’il avait voulu répondre seulement son père était arrivé, et avait brisé ses espoirs.

- Bonjour ma chérie, sourit Connie en embrassant le front de sa fille. T’as vu ce temps ? Ce n’est pas le moment de mettre son nez dehors. T’as passé une bonne journée ?

- Bof. J’ai été voir Shane mais ses parents n’étaient pas là. Et quand ils sont rentrés, ils nous ont dérangés, résuma-t-elle. Je te le dis tout de suite, avant qu’ils te racontent leur version où ils ajouteraient que j’étais dans ses bras, dans ses vêtements et dans son lit.

Comme sa mère la regarda les yeux ronds, la brunette entreprit de lui expliquer la raison de sa présence, ce qui la rassura. Lui proposant de manger une pizza toutes les deux puisque son père ne rentrerait pas avant minuit, elles sélectionnèrent un nouveau film. Elles les connaissaient tous par cœur, pourtant elles n’arrivaient pas à se lasser de voir leurs héros se battre pour vivre leur histoire.

A vingt-deux heures, elle monta se coucher et s’endormit rapidement. Son réveil la tira d’un rêve dans lequel Shane lui avouait les sentiments qu’il nourrissait à son égard depuis toujours. Grognant de frustration, elle sortit de son lit et prit une douche chaude avant de descendre prendre son petit déjeuner, puis fila s’habiller. Le soleil brillait et une douche chaleur flottait déjà dans l’air. « Bon puisque le soleil brille et que les oiseaux chantonnent, autant s’accorder à eux, songea-t-elle. » Fouillant dans son armoire, elle sortit sa jupe blanche en jeans puis hésita avec la noire fendue, avant d’aviser sa robe jaune. Réfléchissant rapidement, elle prit cette dernière et la mit, après avoir prit un soutien-gorge sans bretelle puisque le vêtement était bustier. Celui-ci dessinait parfaitement sa silhouette jusqu’à la taille avant de s’évaser doucement, jusqu’au dessus des genoux. Se maquillant légèrement, elle observa ses chaussures. Elle opta pour des escarpins noirs, puis les rouges avant de se décider pour sa paire de ballerine noire. « Après tout, je vais juste au lycée, pas en boite, songea-t-elle. » Néanmoins l’envie de se sentir belle se fit plus pressente et elle remonta dans sa chambre, pour échanger sa paire de collant contre des bas noir. « C’est déjà beaucoup mieux, sourit-elle à son miroir. Un peu femme fatale mais pas trop. » Notant qu’elle allait être en retard, elle prit son sac, et son étui à guitare, enfila sa petite veste en cuir et rejoignit tranquillement son lycée sa musique dans les oreilles et ses lunettes de soleil sur le nez en espérant qu’il ne pleuvrait pas.